1er Tishri : le nouvel an du calendrier hébraïque

Tishri est certainement le plus « juif » de tous les mois. Même les juifs les plus éloignés de leurs racines ressentent souvent une émotion lorsqu’ils songent aux fêtes de Rosh Hashanah et de Yom Kippour !

·  Dès le lendemain de Rosh Hashanah, célébré les 1 et 2 du mois, débute la période des jours redoutables (Yamim noraïm) consacrés à la pénitence et au repentir.

·  Le 3ème jour de Tishri est célébré le jeûne de Guedalia, commémorant l'assassinat du gouverneur de Judée par un « loyaliste » judéen, qui entraîna l'abandon massif de la Terre d'Israël par ses occupants.

·  Le 10 du mois de Tishri a lieu la célébration du Yom Kippour.

·  La fête de Souccoth se déroule du 15ème au 22ème jour de ce mois.

·  Les fêtes se concluent par Hoshannah Rabba, Shemini Atzeret et Sim'hat Torah.

Selon la Mishnah, nous avons 4 débuts d’année

-   le 1er Nissan est le premier mois du calendrier religieux : « ce mois-ci est pour vous le commencement des mois, il sera pour vous le premier mois de l’année » (Exode 12,2). C’est également le nouvel an des rois, la date à partir de laquelle était calculé le nombre d’années de règne de chaque roi d’Israël

-   le 1er Eloul est le début de l’année fiscale : c’est la date à laquelle on prélevait la dîme sur le bétail 

-   le 15 shevat (Tou Bi-Shevat) est le nouvel an des arbres, la date à partir de laquelle on comptait l’âge des arbres.

Le 1er Tishri est le début de l’année civile, à partir duquel on calculait les dates des années shabbatiques et du jubilé. La tradition considère que Rosh Hashanah est l’anniversaire de la création de l’homme.

Rosh Hashanah a plusieurs noms

Dans la Torah, on trouve :

-   Shabbaton : jour de repos solennel : « Parle ainsi aux enfants d'Israël : au 7ème mois, le 1er jour du mois, aura lieu pour vous un repos solennel; commémoration par une fanfare, convocation sainte. » (Lévitique 23,24)

-   Yom Terou’ah(jour de la sonnerie) : au 7ème mois, le 1er jour du mois, il y aura pour vous convocation sainte: vous ne ferez aucune œuvre servile. Ce sera pour vous le jour du son du shofar. » (Nombres 29,1)

-   Zikrhon Terouah (jour du souvenir) : « Parle ainsi aux enfants d'Israël : au septième mois, le premier jour du mois, aura lieu pour vous un repos solennel; commémoration par une fanfare, convocation sainte.» (Lévitique 23,24)

Et plus tard, les rabbins ont ajouté d’autres noms : Yom HaDin (jour du jugement) et Yom Hazikaron (jour du souvenir).

Le repentir

Les dix jours de repentir commencent le jour de Rosh hashanah pour se terminer le jour de Kippour, mais pendant tout le mois d’Elloul chaque juif a entamé un processus d’introspection et de repentance.

Selon le Talmud, trois livres sont ouverts dans le ciel : un pour les justes, un pour les méchants, un pour les autres. Dès le jour de Rosh Hashanah, les justes sont inscrits dans le livre de la vie pour un an de plus, les méchants sont inscrits dans le livre de la mort, et tous les autres, sans doute nous tous, sont en suspens jusqu’au jour de Kippour.

Pour chaque juif, le jugement a lieu chaque année et non uniquement à la fin de la vie.

Si Rosh Hashanah est le début de l’année, c’est aussi le début d’un jugement qui sera rendu 10 jours plus tard : un étrange mélange où l’on commence l’année dans la joie alors que l’on attend le résultat d’un jugement.

Dans le Talmud de Jérusalem, on trouve d’ailleurs cette interrogation : 

« Quelle nation est comme cette nation là ? Alors qu’ordinairement lorsqu’on sait qu’on va passer en jugement, on s’habille de noir et on se laisse pousser la barbe, car on ne connait pas l’issue de son jugement, Israël n’est pas ainsi : ils s’habillent de blanc, rasent leur barbe, mangent, boivent et se réjouissent, car ils savent que le Saint, béni soit-Il, leur fait des miracles » (Traité de Rosh Hashanah)

Quelle conclusion ? Il ne faut pas craindre le jugement de Dieu. Il ne faut pas craindre ses erreurs, mais quelles que soient les difficultés, il faut vivre et transmettre, jusqu’au dernier moment.

Quelques réponses…

Pourquoi les « Jours redoutables » ?

Les sages de la Michnah ont décrit une scène dans laquelle, le jour de Rosh Hashanah, hommes et femmes sont devant le trône divin et attendent d’être jugés. Ils ont imaginé trois registres ouverts dans les cieux. Le premier, pour les «justes», sans doute très peu nombreux !, qui sont immédiatement inscrits dans le «Livre de la vie». Le second, pour les «méchants invétérés», peu nombreux également il faut l’espérer , inscrits immédiatement dans le «Livre de la Mort», et le troisième, pour tous les autres – comme nous, ni foncièrement bons, ni foncièrement méchants – dont le sort est pesé tous les jours, jusqu’à Kippour… Voilà pourquoi ces jours sont appelés Yamim noraïm : «Jours redoutables» ou «Jours terribles» !

Pourquoi tout ce blanc ?

Pour Rosh Hashanah, blanc est le rideau du Arone Hakodesh, blanche est la mappa de la Tevah, blanc est le manteau du Sefer Torah, blanche est la tenue du rabbin et celle de certains fidèles. Le blanc, couleur de l’innocence et de purification, symbolise en cette période de repentir, le désir de chacun de se rapprocher de Dieu en se purifiant de ses péchés.

Le blanc est également la couleur traditionnelle du deuil. Il nous est demandé, à l’approche de Kippour, de «mortifier» nos personnes afin de nous préparer à l’éventualité d’un Jugement divin qui ne soit pas dans le Livre de la Vie.

Pourquoi un Kiddoush différent ?

Pour Rosh Hashanah, les halloth habituelles sont remplacées par des halloth rondes (pour que l’année à venir soit ronde, sans accident…) avec une face en forme d’échelle pour symboliser les efforts faits par l’homme pour s’élever vers Dieu. Après la bénédiction du motsi, au lieu de saupoudrer les halloth de sel, on les trempe dans du miel, pour que l’année soit douce comme ce miel ! Et le kiddoush est suivi d’un seder, pendant lequel on consomme des aliments symboliques de douceur, de vie spirituelle, de prospérité…

Pourquoi deux jours même en Eretz Israël ?

Même en Israël, où les fêtes ne sont pas «doublées», Rosh Hashanah est célébré pendant deux jours. Le 2ème jour est pourtant un ajout tardif (3ème siècle de l’ère chrétienne). Pour les sages du Talmud, les deux jours de Rosh Hashanah sont, en réalité, considérés comme un seul et long jour : «Yoma arikhta». Le Zohar, œuvre médiévale de la Kabbale, insiste sur l'observance universelle des deux jours.

Pourquoi demander pardon à tous ceux qu’on a pu blesser ?

Si l'homme peut espérer par la repentance et la prière obtenir le pardon de Dieu, il n'en est pas quitte pour autant des fautes qu'il a commises envers ses semblables. Il se doit de s'excuser expressément auprès de ceux qu'il a blessés, auxquels il a nui... Cela implique de réfléchir à la façon dont il s'est comporté avec les autres, de s'interroger sur les attitudes qu'il a eues, de se demander si inconsciemment il n'a pas eu de paroles ou actes qui auraient pu faire du mal. D'aucuns ciblent les personnes auxquelles ils demandent pardon, conscients des torts qu'ils ont pu faire. D'autres demandent pardon à tous ceux qu'ils ont coutume de côtoyer pour le cas où ils leur auraient nui. Si les personnes sollicitées refusent leur pardon, il convient de renouveler ses excuses. S'il y a trois refus, il peut considérer qu'il a fait téchouvah.

Pourquoi le shofar à Rosh Hashanah ?

Il s’agit d’une injonction biblique : « Au septième mois, le premier jour du mois, il y aura pour vous convocation sainte: vous ne ferez aucune œuvre servile. Ce sera pour vous le jour du son du Shofar. » (Nb 29,1). Maïmonide explique que cette injonction est faite pour que chaque fidèle soit entrainé à se repentir de ses péchés, pour réveiller les consciences endormies.