Carnet d'un 13 novembre

Que d’émotions en une petite semaine ! L’élection inattendue de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, les commémorations des attentats du 13 novembre et trois disparitions consécutives de belles personnes : Leonard Cohen, Claude Hampel et Malek Chebel.

Ce billet de ce dimanche est pour la première fois un carnet de notes. Tournons-nous d’abord de l’autre coté de l’Atlantique. Nul besoin de revenir sur l’échec des instituts de sondage et de tous les chroniqueurs politiques, non. Il y a une nouvelle donne qu’il va falloir accepter. Avez-vous remarqué avec quelle rapidité certains ce sont demandé : « Est-ce bon pour nous » ? Sur les réseaux sociaux déjà circulaient une guématria aussi intrigante qu’improbable (on peut lui faire dire tout et sont contraire) qui faisait de Clinton l’Amalek des temps modernes et de Trump le Machia’h ben David, le Messie rien de moins que cela. Et l’on se plait à revoir les déclarations de Trump ou de son colistier qui soutiennent avec ardeur Israël et promettent qu’au jour 1, c’est à dire le 20 janvier, l’ambassade des Etats-Unis sera transférée de Tel-Aviv à Jérusalem. A suivre….

Ce 13 novembre est une blessure collective, si lointaine et si proche à la fois. Mon souvenir n’est pas tant celui du soir de la tuerie, c’était un Shabbath, que du lendemain matin, le samedi. Les rues parisiennes étaient vides et les quelques personnes qui s’y trouvaient étaient hagardes. Cela avait existé. On s’est promis de faire front et d’en tirer les conclusions. Aujourd’hui, un an après, le sentiment de danger face à la menace terroriste est, selon une enquête du Figaro, à son paroxysme.

Trois belles âmes, trois voix qui jouaient une partition pas si lointaine s’en sont allées. Leonard Cohen, la voix chaude, basse. Il était tout à la fois peintre, chanteur, poète, interprète. Son judaïsme était présent dans tous ses arts. De fait, il aura été le Cohen le plus connu de toutes ces dernières décennies : une consécration pour un juif !

Malek Chebel était un philosophe et théologien d’un Islam libéral et éclairé. Autant dire qu’il dérangeait lorsqu’il abordait des thèmes comme ceux de l’intimité ou de la sexualité. J’ai le souvenir d’une grande bienveillance et d’une écoute attentive et d’un homme de conviction.

Et puis ce Shabbath, Claude Hampel, l’ami de tous, est parti. Au delà de sa famille, la communauté juive le pleure. Il était inclassable et iconoclaste. Un homme d’une rare élégance, tant vestimentaire que de l’âme. Plus jeune survivant du ghetto de Varsovie, sa mère était enceinte de lui lorsqu’elle l'a fuit, Claude Hampel aura fait de la Mémoire et du Yiddish deux exigences. Son humour était fin et éclairait son sourire. Sa passion de jeunesse, le rock, l’aura suivi dans son attitude d’homme libre.