Liberté, Egalité, Fraternité, Laïcité ...

Qui se souvient encore du terrible attentat de Nice le 14 juillet dernier ? Il aura fallu une rixe sur une plage de Sisco en Corse, un mois tout juste après le drame niçois, pour que notre été soit animé par un débat bien français qui nous est familier depuis l’affaire de ces trois jeunes collégiennes musulmanes à Creil qui, du jour au lendemain, sont apparus avec un foulard sur la tête.

Voilà donc 27 ans que la France s’émeut de tous les signes ostentatoires qui sont de nature à identifier une religion en la séparant de la communauté nationale dans le pays de la laïcité qui est devenu, c’est un fait, le quatrième mot de notre devise nationale : Liberté, Egalité, Fraternité, Laïcité.

Il y a encore quelques jours, rares étaient les personnes qui savaient en France ce qu’était un burkini. On le sait à présent sans pour autant en avoir vu. Même la très conservatrice ville du Touquet s’est dotée d’un arrêt municipal pour l’interdire admettant toutefois que l’on n'y avait jamais vu ce vêtement de bain si singulier. Le Conseil d’Etat à pour sa part décidé de suspendre un de ces arrêtés « anti-burkini ». On notera à cet égard que la presse étrangère occidentale s’amuse de ce débat.

Oui il est choquant de voir des femmes ainsi vêtues pour se rendre à la plage. Oui l’on ressent une certaine gêne en se disant, plus encore en cette période caniculaire, que le vêtement doit être bien inconfortable. Honnêtement, lorsque l’on se promène du coté de Méa Shearim à Jérusalem au mois d’août ne ressent-on pas aussi cette gêne de voir ces hommes emmitouflés dans des redingotes ou des femmes dont on ne peut apercevoir que le visage et les mains ?

Comme beaucoup d’entre vous, je ne suis pas dupe de ce qui se joue avec l’affaire du burkini. Certaines femmes probablement portent ce vêtement par défiance ou par revendication identitaire davantage que par des principes dictés par l’Islam. Mais l’on peut aussi concevoir, et donc accepter, que d’autres encore revendiquent une idée de la pudeur qui dans le judaïsme s’exprime dans les principes de « tsniout ». On pourrait débattre à en perdre haleine et en cela nous ferions le jeu de tous les extrémismes ou de certaines personnalités politiques qui trouvent là une tribune inespérée en vue des prochaines présidentielles.

La bienveillance devrait s’appliquer en la matière en ne voyant pas dans ces femmes porteuses d’un burkini des terroristes en puissance. Leur tenue me déplait et me semble s’opposer à leur dignité, pour autant cela ne mérite pas de les exclure de la communauté nationale ou même de l’espace public. Le quotidien israélien Yediot Aharonot a remarquablement décrit la situation dans un dessin ou l’on voit sur une plage française un policier verbaliser une femme en burkini tandis que, derrière lui, se trouve un terroriste lourdement armé près à se faire exploser qui l’interpelle en lui demandant s’il connaît un « café sympa dans le coin ».

Le policier sans le regarder lui répond : « Un moment, je suis occupé ». Eh oui la France est occupée à des questions futiles lorsque d’autres plus importantes sont occultées.