Le don d’organes : une mitsvah !

Billet d'humeur du 8 janvier 2017 sur Judaïques FM 94.8 à 8h45

Donner un ou plusieurs de ses organes est non seulement conforme à la loi juive mais c’est même une Mitsvah. Oui je veux évoquer avec vous ce sujet difficile et pour lequel les clichés sont tenaces. On pense, à tort, que le judaïsme est opposé au prélèvement, et donc au don d’organes. Eh bien il faut le dire, puisqu’il s’agit de sauver des vies, le judaïsme autorise et encourage le don d’organes. Depuis le 1er janvier chacun est présumé donneur après sa mort s’il n’exprime pas son refus. Ainsi a t-on pu lire une tribune effarante du Grand Rabbin de Paris dans Actualité Juive qui appelle ses coreligionnaires à s’inscrire sur cette liste. La newsletter du Consistoire va plus loin encore en publiant sans autre explication les modalités pour se faire. S’inscrire sur le registre national du refus est un choix libre, qui doit être éclairé et qui ne saurait être dicté par un Rabbin ou une institution.

Rappelons-le, depuis 1978 en Israël existe une association du nom d’Adi qui porte le nom d’Ehoud Adi Ben Dror, un jeune homme qui alors qu’il n’avait que 26 ans est tombé gravement malade ce qui l’a conduit à une insuffisance rénale terminale. Bien qu’une dialyse ait été mise en place et qu’il ait bénéficié d’une greffe, il décèdera deux ans plus tard à l’âge de 28 ans. Depuis cette association s’est battue jusqu’à proposer une carte de dons d’organes appelée précisément « Adi » possédée aujourd’hui par 823 624 Israéliens soit 14% de la population adulte.

De nombreux Rabbins israéliens possèdent cette carte et plaident pour le don d’organes expliquant notamment au plus haut sommet de la hiérarchie religieuse au travers des deux grands rabbins d’Israël que donner ses organes est une Mitsvah. Oui les deux grands rabbins d’Israël ! On peut de son vivant donner un rein et il est intéressant d’observer qu’en Israël le temps d’attente pour bénéficier d’une greffe rénale est de quelques mois lorsque ce délais se compte en de nombreuses années en France.

Le Judaïsme, et cela a été rappelé par de nombreux décisionnaires au premier rang desquels le Rabbin Feinstein qui fait autorité, accepte sans réserve le don d’organes prélevé sur une personne déclarée morte, c’est à dire après observation de la cessation des activités cardiaques, pulmonaires et cérébrales. Les organes concernés ne peuvent en revanche être que les organes vitaux puisqu’il s’agit de sauver une ou plusieurs vies. Ainsi sont concernés, les reins, le cœur, les poumons et le foie.

La question n’est donc plus de savoir si l’on peut ou pas donner ses organes mais si l’on est préparé à se déclarer potentiel donneur. C’est un choix difficile où le seul obstacle est sa propre conscience et en aucun cas un argument religieux qui serait fallacieux. A ceux qui avancent la notion de respect de la personne morte, j’opposerai le respect supérieur de la personne qui pourra vivre. La transplantation d’organe n’est pas une chirurgie de confort, elle est vitale. Peut-on imaginer un don plus grand que celui de la vie a fortiori lorsque cette démarche est désintéressée ?