Sarah Halimi : « Un déni d’antisémitisme » : billet du 11 juin 2017

« Elle avait 65 ans, elle était directrice de crèche, juive. Sarah est morte le 4 avril dernier à Belleville, battue à mort et défenestrée par un jeune musulman radicalisé. A l’indécence de ce meurtre s’ajoute l’indifférence » Ces mots sont ceux d’une femme politique pour s’émouvoir de l’assassinat de Sarah Halimi dans la nuit du 3 au 4 avril dernier. Cette femme politique n’est pas française, elle est belge et eurodéputée, elle s’appelle Frédérique Ries. Force est de constater que depuis cet assassinat précédé d’insultes antisémites quotidiennes, de torture puis de défénestration, la classe politique française a été silencieuse jusqu’au plus hautes autorités de l’Etat de la mandature précédente ou actuelle. Certes très rapidement le Procureur de Paris, François Molins, a reçu des représentants de la communauté juive pour faire un point d’étape. Mais jusque là, cet homicide volontaire ne connaît pas la qualification aggravante d’antisémitisme. Cette aberration et ce silence ont conduit 17 intellectuels à signer une tribune dans le Figaro pour dénoncer ce déni d’antisémitisme. Une tribune passée quasi inaperçue dans un timing électoral implacable. Sarah Halimi a été assassinée au cœur de la campagne présidentielle, il en fut de même pour le drame de l’école Hozar haTorah à Toulouse à la seule différence que le meurtrier a très vite été présenté comme étant atteint psychiatriquement faisant presque passer ce meurtre pour un drame de voisinage.

Il y a eu une publication sur les réseaux sociaux il y a quelques jours qui a fait avancer la prise de conscience de la communauté nationale. Noémie Halioua, journaliste à Actualité Juive, avec des mots justes et émouvants s’est indignée du silence pesant après s’être entretenue avec le frère de Sarah Halimi. Cela l’a bouleversé et a poussé les avocats de la famille de la victime à donner une conférence de presse dont on aurait pu penser que l’onde de choc, après la révélation des circonstances, aurait été grandissante. Rien ou presque rien puisque l’on vous dit que c’est un fou ou un déséquilibré. Comme le dit Michel Onfray : "Si aujourd'hui on veut massacrer des gens, il suffit de plaider la folie."

L’eurodéputée Frédérique Ries a donc insisté devant le parlement européen pour alerter la communauté internationale puisque les choses sont figées et elle a voulu, avant que la parole ne lui soit reprise, associer les noms de toutes les victimes du terrorisme islamiste depuis Toulouse en passant par le Musée juif de Bruxelles ou encore l’HyperCacher. Tous sont morts pour la même et unique raison : la haine de leurs assassins pour les juifs.

Alors que va t-il se passer lorsque l’on sera sortis de cette longue période électorale dimanche prochain ? Nous entrerons alors dans l’été et sa torpeur. Il nous faut hurler pour que le nom de Sarah Halimi ne soit pas relégué au rang des faits divers. On attend de nos responsables qu’ils organisent une, deux, des dizaines de marches blanches, qu’ils interpellent directement ceux qui peuvent agir sur le temps judiciaire qui ne doit jamais être une excuse. La mémoire de Sarah nous oblige et nous en sommes responsables.